Santé corps et esprit

L’effet miroir : décrypter ce que l’autre provoque en nous

Tout ce qui nous irrite chez les autres nous conduit à une meilleure compréhension de nous-mêmes. » Carl Gustav Jung. Selon ce grand nom de la psychologie des profondeurs, ce que nous percevons de négatif chez l’autre nous renseigne sur nous-mêmes. L’autre devient alors une véritable école. Mais comment utiliser au mieux l’effet miroir et limiter la casse ? Essayons d’abord de comprendre comment fonctionne ce mécanisme subtile…

L’effet miroir : un phénomène multiple

L’effet miroir, c’est d’abord le choc, la surprise de se voir sous un tout nouveau jour parce que les circonstances – une situation, une relation – ont pris le pas sur l’image que l’on a de soi. Mais ce phénomène est multiple et peut se présenter sous différentes formes.

Certaines rencontres et situations, en nous acculant, nous éjectent de notre « zone de confort » et nous contraignent à faire mauvaise figure ou encore à puiser dans nos ressources cachées. Les circonstances deviennent alors un miroir qui fait rejaillir nos incapacités, manquements et fragilités ou au contraire, notre plus haut potentiel. Il s’agit là d’une expression possible de l’effet miroir mais il en existe bien d’autres.

C’est le plus souvent la réaction de l’autre qui opère comme un miroir en nous renvoyant nos dysfonctionnements et défauts ou à l’inverse, en valorisant certaines qualités dont nous n’avions pas conscience.

Enfin, une composante majeure intervient souvent dans l’effet miroir : la projection, ce mécanisme inconscient qui nous permet de nous projeter sur l’autre ou sur une situation. En conscientisant correctement le mécanisme de projection auquel nous recourons tous constamment, la vie devient un immense tarot. Le jeu consiste alors à découvrir un maximum de nos projections quotidiennes pour en tirer un maximum d’enseignements sur soi. C’est pourquoi il est important de bien comprendre le fonctionnement de l’identification projective.

L’identification projective au cœur de l’effet miroir

Lorsque l’on s’identifie à l’autre, lorsque l’on se reconnaît en lui, il s’agit bien souvent d’une projection. L’identification projective c’est le fait de projeter sur une personne, une situation, un objet un (ou plusieurs) attribut qui nous est propre pour nous y reconnaître : trait de caractère, travers, qualité, sentiment, émotion, intention… Il est fréquent d’utiliser la projection pour faire endosser à une personne nos propres sentiments ou intentions, lorsque nous les jugeons trop « négatifs » pour les assumer, ou encore pour le plaisir de nous admirer en elle : le sentiment amoureux en est un parfait exemple. Dans la projection, on est dans un mouvement extérieur, on vit une incapacité à s’intérioriser et on « décharge » sur l’autre ce qui nous appartient. Il est important de savoir que dans notre quotidien, nous avons tous recours à la projection à différents degrés, par inconscience, par ignorance, protectionnisme, narcissisme, besoin affectif…

La projection comme arme de défense

Lorsque quelque chose en nous menace notre image et équilibre, l’identification projective se transforme en mécanisme de défense redoutable. Chez les personnes qui ont subi de graves dommages psychologiques et qui n’ont pu se construire sur des bases solides, ce mécanisme est amplifié, il prend parfois toute la place. Elles vivent à la surface d’elle-même tant il ne fait pas bon vivre à l’intérieur et l’autre est perçu de façon problématique, souvent comme un agresseur. Dans cet état de vie, il devient impossible de voir l’autre et de le traiter pour ce qu’il est. La projection peut rapidement prendre une forme menaçante lorsque pour se défendre ou se protéger, le sujet déséquilibré tente de prendre possession de l’autre dans une tentative de contrôle et d’annihilation de sa personne. Mais il s’agit là de cas extrêmes.

Comment réagir intelligemment à la provocation : un bon conseil

Que se passe-t-il lorsque nous percevons chez l’autre quelque chose de nocif ? Est-ce une pure projection de notre part ? S’agit-il d’un aspect « toxique » réel et tangible ? Que faire enfin des signaux déplaisants qui nous parviennent ?

En toute circonstance, il est capital de savoir faire preuve de discernement et de prudence.

Lorsque vous percevez chez votre interlocuteur un dysfonctionnement, une attitude dérangeante, une émotion destructrice, ne posez pas tout de suite de conclusions. Prenez le temps de méditer à la question. La méditation est d’ailleurs une excellente réponse à toute forme de provocation extérieure ! Le soir, en rentrant chez vous, isolez-vous et prenez le temps de vous immerger en vous-même. Observez votre vie intérieure, quelle trace à laissé en vous cette rencontre ? Si c’est douloureux, inconfortable, que votre corps exprime de l’irritation, de l’impatience, une envie de fuir… il y a de fortes chances pour que cette personne ait touché en vous une corde sensible ! Quelque chose dont vous évitez le contact. En effet, l’existence d’un trait commun nous permet de le percevoir de façon percutante chez l’autre.

Tentez de soutenir votre attention sur ce qui vous dérange, malgré la sensation d’inconfort. Concentrez-vous sur votre respiration, cela va vous aider à dépasser l’agitation intérieure. À force de pratique vous serez bientôt capable non seulement d’identifier clairement ce que vous avez perçu de l’autre, mais aussi à quel phénomène cela correspond en vous. Vous dépasserez vos propres réactions épidermiques et projections pour adopter un regard plus lucide, plus objectif sur la situation et sur cette personne. Dans la plupart des cas, vous découvrirez que votre intuition et votre instinct avaient vu juste mais que la façon dont vous traitiez les informations perçues était très subjective, à cause de vos propres projections.

Bien souvent, certains aspects de nous-même nous indisposent à tel point que nous préférons les reléguer au fin fond de notre conscience. Mais ils finissent toujours par rejaillir et c’est exactement ce qui se passe dans l’effet miroir. Par instinct de préservation, nous avons alors le réflexe d’attribuer à l’autre ce que nous avons refoulé, ce que nous ne pouvons assumer.

Les projections négatives méritent donc toute notre attention.

Non seulement elles nous renseignent sur l’autre mais surtout, elles nous révèlent quelque chose de fondamental de notre identité et fonctionnement propre.

L’effet miroir a ses limites : savoir détecter la personne toxique à temps

L’effet miroir est une théorie bien séduisante car elle fournit un outil de connaissance de soi simple et accessible, à portée de toutes les bourses. Par ailleurs, elle adoucit les mœurs en nous permettant de relativiser ce que nous percevons de négatif chez l’autre. Mais n’est-il pas réducteur de considérer les choses sous cet angle ? Cela signifierait que tout ce que nous ressentons de l’autre nous appartient aussi ? Une théorie, aussi pertinente soit-elle, ne peut suffire à expliquer la réalité, complexe et multiple. Ainsi adopter aveuglément une formule toute faite n’est pas sans risques. Méfions-nous des raccourcis et des généralités.

Revaloriser l’instinct et l’intuition

La psychologie a ses limites et parfois, mieux vaut se fier à notre instinct. Lorsque le signal « Warning » s’active un peu trop en présence d’une même personne, lorsque nous nous sentons systématiquement vidés, déprimés au sortir d’une rencontre, lorsque nous ne sommes plus dans notre « état normal », cela signifie que notre intégrité psychique et énergétique n’a pas été respectée. Ce qui en dit long sur le caractère malveillant de notre interlocuteur/trice et de ses intentions. N’ayons pas peur des grands mots.

L’instinct, l’intuition et l’empathie sont des aptitudes à développer impérativement car elles nous prédisposent à percevoir le monde intime de l’autre. Ces facultés innées plus ou moins développées en chacun de nous ne sont pas vraiment pas à négliger, elles nous transmettent à chaque instant une multitude d’informations subtiles sur l’autre que notre conscience intellectuelle peine à traiter.

Plus une personne est empathique, instinctive, claire avec elle-même et stable intérieurement, plus elle est à même de percevoir l’autre de façon objective. Évidemment, cela se travaille ! La pratique régulière de la méditation nous renseigne sur notre monde intérieur propre et nous permet peu à peu de nous clarifier, de nous détacher de nous-mêmes, pour devenir plus objectifs.

L’instinct, l’empathie et l’intuition sont donc, pour percer l’autre à jour et comprendre ses intentions, de formidables alliés ! Ces facultés nous donnent un accès direct et immédiat à sa dimension cachée, à sa véritable personnalité. Qu’y a-t-il au-delà du masque que nous portons ? Il est possible de le deviner grâce à ces qualités surprenantes que nous pouvons tous développer.

L’énigme humaine : mais qui sommes-nous au fond ?

Au-delà de la personnalité de façade, bien définie et connue de tous, l’être humain est un être multiple et multidimensionnel. Nous hébergeons en effet en nous tout un monde de forces archaïques et pulsionnelles, d’émotions, de sentiments, d’énergies, de traumas (encore actifs), de mémoires familiales, de programmations mentales et comportementales et j’en passe… un monde étrange, irrationnel et ingérable pour les intellects cartésiens que nous sommes. Il n’y a pas de bien et de mal dans cette dimension. Pas de sens, pas de logique, pas de cohérence. Il n’y a même pas de constance. C’est que l’être humain est un microcosme à lui tout seul, imprévisible et secoué par d’inévitables intempéries… Alors quoi bon vouloir étiqueter, classifier, psychanalyser?

« Il est assez stérile d’étiqueter les gens et de les caser dans des catégories. »

Carl Gustave Jung

En conclusion : Mieux se connaître c’est faire un meilleur usage de l’effet miroir

On dirait bien que la boucle est bouclée !

Face au véritable chaos intérieur, la meilleure arme est encore une fois la méditation. Cette activité nous permet d’acquérir une meilleure connaissance de nous-mêmes grâce à une auto observation approfondie et détachée du soi. Elle nous fournit l’accès à toute notre richesse et multitude intérieure. Avec de la pratique, nous devenons capables d’observer ce microcosme effervescent avec détachement et distanciation. Non seulement cela nous permet de nous connaître et d’acquérir plus de maîtrise et de sérénité mais surtout – bonus – cela nous permet de mieux comprendre ce qu’est l’être humain et finalement, qui est l’autre. En démystifiant notre propre Moi, nous développons des clés de compréhension solides pour appréhender la complexité et le mystère de l’Autre. Nous cessons d’être dans la projection et devenons capable d’utiliser l’effet miroir de façon véritablement intelligente et constructive. La relation à l’autre, auparavant dichotomique et conflictuelle, s’efface peu à peu pour donner naissance à un nouveau mode relationnel, en empathie et créatif, définitivement plus humain.

Iori

Développement personnel, Santé corps et esprit,
,

Démarrer un chat
Des questions ?
Pouvons-nous vous aider ? N'hésitez pas à nous solliciter :) Ganji et Iori