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Mon alliance secrète – Au nom du Ciel 7

Dans ce 7ème volet de Au nom du Ciel, roman channeling qui raconte l’enfance et la jeunesse de Ganji, nous le découvrons plus vulnérable que jamais. Exposé à la monstruosité d’un père cruel, il va pourtant se nouer en lui une alliance discrète mais indestructible, et surtout cruciale pour sa destinée.

Avertissement : ces quelques lignes sont difficiles à lire. Sans nul doute, elles vont choquer les plus sensibles d’entre vous. Car elles témoignent d’un époque de la vie de Ganji très sombre. Il s’agit d’une descente aux enfers, du « sacrifice » d’une belle âme, auquel nous assistons tristement. Mais il est important, essentiel même, de rappeler aux lecteurs touchés que ces épreuves ne furent pas vaines puisqu’elles menèrent Ganji à la révolte et à la victoire, au salut, à la guérison et libération ultime et à la rencontre, non négligeable, de sa mission de vie, son destin de chamane et de médium guérisseur… Rien n’est vain lorsque le cœur décide de s’unir à l’Intelligence Supérieure. Bonne lecture… Iori

Un matin comme les autres, au 209 avenue Charles de Gaulle, je me réveillais en sursaut dans notre appartement vide. Je descendis fiévreusement l’échelle de la mezzanine, ouvris violemment la grande fenêtre de la cuisine et lâchai un cri qui déchira l’air oppressant de cette journée morne et pluvieuse : « Au secours, à l’aide ! Au secours, sauvez-moi !». Ma voix d’enfant avait fendu les limbes qui me retenaient prisonnier en moi-même, ce fut mon premier cri de guerre. Instinctivement je venais de défier la fatalité et ces mots jaillis de ma gorge se gravèrent en lettre de feu pour toujours dans le livre de ma vie.

Pour toute réponse, une lourde main s’abattit sur ma nuque que je reconnus aussitôt. Mon père en homme rustre me faisait front, il me fut donc impossible de tenter la moindre explication. Ce geôlier ne crut pas nécessaire de me demander pourquoi j’avais agi ainsi. L’affaire ne lui semblait pas digne d’intérêt. Depuis bien longtemps, il n’était plus maître de ses propres pensées, ce qui ne l’empêchait pas de répandre activement la souffrance parmi nous. Il prenait sa mission très à cœur : ma mère elle-même, Carla, n’échappait pas à son zèle destructeur.

Dieu que je me sentais seul. Moi qui coulais des jours radieux à la campagne, j’avais été arraché à des bras aimants en pleine nuit à l’âge de trois ans par deux ravisseurs qui se prétendaient mes parents. Jamais je ne reconnaîtrais comme tels ces deux individualistes, ambassadeurs du capitalisme triomphant. Tel un petit Poucet dans la maison d’un ogre, désormais privé de la protection de mes grands-parents, je me réfugiais auprès de ma mère. Je trouvais dans l’imaginaire maintes échappatoires à ma condition mais tous furent réduits à néant par cet incroyable cerbère. Il s’attaqua même à mes rêves d’enfant, lorsqu’il déchira un jour mon précieux chapeau de Zorro puis s’en prit un autre à mes posters qu’il arracha un à un. Je le craignais. Mon appel à l’aide était bel et bien justifié.

Sa brutalité s’exerça de façon particulièrement dévastatrice au niveau psychologique puisqu’il s’acharnait à briser ma personnalité par de constantes intimidations et remarques dégradantes : « Tu es un incapable, un bon-à-rien, un paresseux… ». À cela s’ajoutaient de nombreuses agressions physiques qui me poussaient en vain à m’anesthésier toujours plus. La destruction systématique de mes élans vitaux me rendait littéralement incontrôlable et c’est ainsi qu’une après-midi où la terreur s’était à nouveau abattue sur moi, je sortis bruyamment du foyer pour surgir sur le pavé d’un pas enragé, recherchant une manière efficace de signer ma colère. J’ouvris la porte vitrée d’une librairie et me ruai sur l’immense encyclopédie qui trônait sur la devanture que je dérobai en un instant. Je sorti en courant sans mot dire. Penché sur ce miraculeux trophée, je lui jurai fidélité : « Un jour, je serai capable d’en déchiffrer chaque page, son contenu n’aurait plus de secret pour moi. » Symboliquement, je venais de m’agenouiller au pied de la Connaissance.

« Ces gens ne sont pas mes parents !». Tourné vers le Ciel avec ferveur, je soudais une alliance invisible devant l’Éternité. C’est ma mère cette fois qui me surprit en plein « délire », et me pétrifia de ridicule. Démasqué et couvert de honte, je replongeai immédiatement au fond de moi-même, ne laissant apparaître qu’un vague étonnement et m’efforçant de sourire.

Je m’engouffrais inexorablement dans un cul de sac, dont peu réchappent. À quatorze ans, la destruction achevée de mon identité m’était déjà fatale. Derrière des apparences anodines de jeune-homme tendre, intelligent et sensible, il ne subsistait plus que des lambeaux, d’obscurs espaces abandonnés aux chacals de l’ombre, obstinés et cruellement habiles. Mes larmes ne les arrêtaient en rien, pas plus que mes plaintes qui les amusaient plutôt, me condamnant au désespoir. Je traînais aux pieds des boulets si lourds que les rêves ne me parurent plus nécessaires. Ces chimères n’avaient plus aucune issue à me proposer ni de possible guérison. Longtemps ma condition se banalisa jusqu’à perdre de son importance à mes propres yeux. Je pouvais désormais mourir en paix car le monde ne m’offrait aucune alternative, aucune perspective. Je ne m’étonnais même plus de souffrir en silence à toute heure, tant cette sinistre matrice était devenue ma sève, mon unique substance. Tumulte, gouffre, résidence d’êtres redoutables, j’étais à présent un repère de forces douteuses qui chaque jour, chaque nuit dévorait mon esprit, sous les traits d’un enfant doux et docile à souhait. La vie terrestre ressemblait donc à un échiquier monstrueux dans lequel je ne valais guère mieux qu’un pion ridicule.

Ganji, récit channeling entièrement transmis par voie médiumnique par Iurikan.

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