Développement Spirituel

Avec Spinoza découvrons les clés du bonheur véritable

Baruch Spinoza, philosophe de la joie, nous a légué les clés du bonheur véritable, qui ne dépend de rien ni de personne. Apprenons en sa compagnie pour amener et conserver la joie dans notre vie.

L’histoire de ce philosophe néerlandais d’origine juive portugaise, né en 1632 à Amsterdam et mort en 1677 à La Haye, est douloureuse. Mais à partir d’une existence dans laquelle tous les objets de bonheur lui sont systématiquement refusés, Spinoza va peu à peu décoder le secret du vrai bonheur et poser les principes piliers, essentiels à l’art de vivre heureux en toute circonstance. C’est là sa grande force, et elle nous inspire.

Pour Spinoza le but de la vie c’est la joie

Le bonheur, selon Spinoza, c’est de rechercher les choses qui accroissent notre puissance d’action et notre énergie vitale plutôt que celles qui nous affaiblissent. Plus on augmente notre puissance d’être, plus on est dans la joie et plus on est utile à l’autre. Dès lors, nos actions, nos choix, nos décisions doivent mener à l’expression, à la libération et à l’amplification de notre énergie de vie. Il n’y a pas de « bien » et de « mal », l’action juste étant celle qui amplifie notre puissance d’être et notre bonheur. Mais il ne s’agit pas d’agir n’importe comment non plus, de façon égoïste ou dangereuse. Spinoza place la vie « bonne » au-dessus de la vie heureuse, c’est-à-dire la vie qui concilie le bonheur et la justice, le sens éthique. Spinoza ne transigeait pas avec ses valeurs et convictions, il avait compris que le fait même de ne pas se respecter affaiblit. Il n’y a pas plus affaiblissant que la corruption de l’être ou la censure, même dans les petites choses, il faut demeurer intègre. C’est pourquoi toute sa vie, Spinoza préféra l’exile, la solitude, l’inconfort, l’incompréhension, la critique, la pauvreté… aux honneurs et à la sécurité matérielle et affective.

D’origine juive marrane-séfarade il n’hésita pas à critiquer le dogme établi et à remettre en question la conception de Dieu dans les religions monothéistes, ce qui lui valut l’excommunication à seulement 23 ans. À l’époque, cela signifiait que votre famille n’avait plus le droit de vous adresser la parole et vice versa. Toujours par conviction, il renonça à l’amour de sa vie, celle-ci exigeant de lui la conversion au catholicisme, ce qu’il refusa. Alors qu’il avait tout perdu, il écrivit ces paroles : « Je me retrouve dans une grande détresse, dans un péril extrême, et je recherche un bien impérissable, une joie inaltérable et permanente que rien ne pourra m’enlever ». Il venait de déterminer son propre « programme de vie » : la quête du bonheur qui ne dépend d’aucune cause extérieure. Et il le mit en application. Aussi, il fut heureux d’un bonheur simple et vrai, qui ne dépendait de rien ni de personne. Une véritable source d’inspiration pour nous!

Identifiez et rejetez tout ce qui vous affaiblit

Il ne s’agit pas de pratiquer un « positivisme » bête et superficiel, comme on le voit souvent. « Je vais bien tout va bien ! Je n’ai pas de problème, le mal n’existe pas » est une politique de l’autruche qui ne fonctionne pas à long terme. Cependant, savoir détecter ce qui nous fait du bien et ce qui nous détruit est fondamental dans cette quête de la joie et de l’épanouissement. Une relation toxique, un emploi qui nous dénigre, une situation dégradante qui s’éternise… Il faut savoir « trancher la merde », comme l’affirmait avec panache le nagual Don Juan Matus, mentor de l’écrivain et initié Castañeda. Autrement dit, il faut apprendre à vivre avec virilité : savoir mettre un terme à ce qui est néfaste, ne pas hésiter à exprimer un désaccord, à dénoncer de mauvais agissements, quitte à créer du conflit, il faut savoir prendre des risques. De même, et c’est plus délicat, il est important de détecter nos propres schémas toxiques : comment on crée soi-même des situations dégradantes, comment on rumine des pensées qui suscitent des émotions profondément négatives (regrets, remords, culpabilité, peine…), comment on s’empoisonne soi-même. Si vous détectez une dépendance mentale à la négativité, vous verrez également en vous observant à quel point elle vous affaiblit et vous détruit à petit feu. Il faut y remédier en désamorçant progressivement vos réflexes, ça n’est pas facile mais c’est un travail très intéressant de découverte de soi et de reprise du contrôle sur votre vie. Car en cessant d’alimenter sans nécessité la négativité intérieure, vous irez bien mieux et vous débloquerez peu à peu une formidable énergie de vie qui risque de vous surprendre !

Évaluez votre liberté intérieure

Si l’on en croit Spinoza, quand l’énergie de vie est entravée, cela nous diminue et produit de la morosité. De notre liberté intérieure dépend donc notre bonheur et puissance personnelle. Je vous propose donc ce petit exercice:

Observez-vous un instant. Êtes-vous plutôt tendu(e) ou décontracté(e) ? Vous sentez-vous oppressé(e)? Comment respirez-vous ? Qu’est-ce que vous pensez de votre façon d’être, en général ? Êtes-vous du genre à dire ce que vous pensez, quitte à déplaire ? Redoutez-vous de semer le malaise, le conflit ? Doutez-vous de vous ? Allez-vous toujours au bout de vous-même et de vos projets ? Votre attitude vis-à-vis de vous est-elle plutôt positive, bienveillante et confiante ? Ou dans la critique, l’auto-sabotage, la procrastination… Les personnes qui vous entourent croient-elles en vous ou vivez-vous dans leur ombre, et ce sont elles qui prennent tous les risques ? Sont-elles autoritaires, castratrices ou au contraire intimement convaincues de votre valeur ? Quels sont dans votre vie les obstacles à votre réalisation ? Faites une liste et distinguez les obstacles objectifs, ceux qui vous sont imposés, de ceux qui viennent de vous. Il y a fort à parier que beaucoup viennent de vos propres attitudes, croyances et peurs… Contrairement à ce que nous pensons, nous sommes souvent la personne la plus castratrice pour nous-mêmes.

Le secret du bonheur c’est d’être soi

Et si le Graal c’était tout simplement d’être soi ? Dit comme cela, ça paraît simpliste et excessif. Mais derrière cette affirmation, qui n’est plus un scoop depuis longtemps, se trouve toute une science, un état d’esprit, une philosophie de vie quasi mystique. Car pour être soi, encore faut-il se connaître parfaitement et s’affranchir de nos fonctionnements et systèmes de pensées toxiques, de notre émotionnel parasite, de nos failles, nos pulsions, nos instincts, nos illusions, nos besoins, nos souffrances et blessures intimes… Il faut connaître également tout ce qui fait notre force, notre joie, nos atouts, nos capacités, ce qui nous définit par-dessus tout, notre essence. En bref, il faut emprunter la voie du « Connais-toi toi-même » qui est une école initiatique mystique car elle mène à la connaissance de l’inconnaissable, de l’insondable, et à la libération ultime. En se connaissant soi-même, on découvre la structure et le fonctionnement du monde et de tous les êtres humains. Peu à peu, on entre dans la cours des grands, la cours des dieux. Ainsi, on finit par s’écarter réellement et définitivement de tout ce qui nous affaiblit et cause notre malheur, et par privilégier au contraire tout ce qui nous renforce, nous nourrit, nous grandit, nous libère, nous emplit d’énergie et de joie, tout ce qui nous rend plus généreux, aimants et utiles aux autres. On développe le don soi.

C’est à ce moment là, et seulement là, que l’on se rend compte que ce qui fait finalement notre bonheur, c’est tout simplement d’être soi. Pour être plus précise, je dirais que ce qui fait notre bonheur et nous renforce c’est d’incarner le plus possible et à chaque instant le « bon » soi, la meilleure partie de nous-même, la plus saine, la plus riche, la plus créative et constructive, la plus proche de notre essence intime. Quand on se remplit de soi on touche à la béatitude. Dès lors, l’objet extérieur, l’objet de désir, cesse d’être une nécessité absolue, il existe tout au plus en tant que stimuli, en tant que moyen, souvent transitoire. D’ailleurs, plus on jouit de soi, plus on démystifie l’objet extérieur.

Cette vision de Spinoza, je vous confie que l’expérimente concrètement. Je l’ai faite mienne depuis près de 15 ans, époque à laquelle j’ai découvert la voie du « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux », par l’entremise de Ganji qui la pratique depuis son adolescence. C’est la plus belle décision que j’ai prise dans ma vie, et le plus beau cadeau que j’en ai reçu. C’est sans nul doute la voie que je souhaite à toutes celles et tous ceux qui cherchent le bonheur authentique et durable.

Comment ne plus souffrir en amour (et en amitié) selon Spinoza

Au sujet de l’amour, voici ce que Spinoza disait : «  l’amour c’est une joie qui accompagne l’idée d’une cause extérieure ». Un point de vue intéressant !

Autrement dit, ce n’est pas la personne aimée qui nous rend heureux mais l’idée que l’on se fait d’elle, la joie qui découle de cette idée (fausse). On comprend mieux pourquoi cette joie est si fragile. Il suffit que l’autre s’écarte un tant soit peu de la vision que l’on en a pour que cette joie s’altère ou se perde. En vérité, lorsque nous aimons, nous passons notre temps à projeter sur l’autre nos fantasmes, nos illusions et nos besoins. Nous nous créons une vision idéaliste de la personne qui correspond à nos vœux et non à la réalité. Et nous voilà dépendant de l’autre! C’est pourquoi Spinoza poursuivait : « En amour, la seule vérité est notre joie éprouvée ».

Pour ce philosophe, l’idée que l’on se fait d’une personne ou de tout objet de désir est la plupart du temps « une idée inadéquate », une idée fausse. Pour cesser ou éviter de souffrir vainement, il faut donc rechercher la connaissance objective de l’objet désiré. C’est la raison qui nous donne une idée adéquate, à travers l’expérience, la confrontation et l’étude de l’objet. Spinoza distinguait ainsi la joie passive, liée à une idée inadéquate, de la joie active, liée à une idée adéquate. Si nous orientons notre désir vers les objets qui sont source de joie active, nous nourrissons notre bonheur, nous sommes dans l’action juste et constructive. Bien connaître l’objet de notre désir oriente notre émotion, la rend plus juste.

« Toute notre félicité, notre misère ne réside qu’en un point : à quelle sorte d’objet sommes-nous attachés ? »

Baruch Spinoza

Le désir : une énergie de plénitude

Spinoza avait très bien compris que nous sommes des êtres de désir et que l’on ne peut pas faire autrement. Pour lui, le désir est même le moteur principal de notre vie. De ce fait, nul besoin de le combattre, mieux vaut en faire un allié. Au lieu de souffrir de frustration, de dépendance et de désillusion, pourquoi ne pas se remplir du « Moi désirant » ? Spinoza nous invite à célébrer le Moi désirant, cette part de nous-même qui désire et qui est dans la joie de désirer ; cette énergie créative et joyeuse. Si nous inversons le processus, c’est-à-dire si nous cessons de nous attacher à l’objet de désir et qu’à la place, nous nous remplissons de notre propre désir, il devient une énergie, une fontaine de jouvence qui nous renouvelle, nous vivifie, nous comble en permanence. Le désir-énergie nous mène à la plénitude.

Alors cessez de croire en l’autre, croyez d’abord en vous-même, jouissez de vous-même, de la joie d’être Soi. « Et STOP, ça s’arrête là ! », comme le dit sans détours la psychologue Véronique Kohn, dans cette conférence passionnante que je vous invite à découvrir.

Iori

Véronique Kohn – Bien vivre avec Spinoza !

Frédéric Lenoir – conférence « Le miracle Spinoza »

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